Portrait : Docteur Sophie Gibert, médecin généraliste spécialisée en gynécologie et dans l’accompagnement des personnes transgenres.

DOCTEUR SOPHIE GIBERT
Un médecin pluridisciplinaire

BORDEAUX

J’ai rendez-vous devant le cabinet Docteur Sophie Gibert un Samedi après-midi en dehors des horaires de consultation. Elle arrive le nez au vent à vélo et me lance : ‘je me déplace qu’à vélo et c’est trop drôle car on me reconnait pas mal dans les environs, je suis souvent interpellée’. Je me rends compte assez vite que Sophie est un repère dans son quartier. Quelqu’un sur qui on peut compter et qui est très impliquée envers sa patientèle. Elle est disponible aussi bien pour des visites à domicile chez des personnes âgées qu’elle soigne depuis des années et avec qui elle tient à rester en lien que pour répondre au téléphone le Dimanche pour le suivi d’un IVG.

Nous entrons au numéro 270 de l’Avenue de la République à Bordeaux. Elle me fait rapidement visiter les lieux puis nous passons la porte de son cabinet de médecin généraliste . Il y a un charmant patio à droite très accueillant avec une fresque murale à gauche et le fameux symbole arc-en-ciel sur le bas d’une fenêtre à droite, une table et deux chaises. A l’intérieur, un mur bleu clair, son bureau, sa table d’auscultation et de petits éléments de décoration qui suggèrent le côté chaleureux et bienveillant de la professionnelle de santé.

Le Parcours de Sophie : De Médecin Généraliste à Gynécologue Spécialisée

Sophie Gibert a une quarantaine d’années et est originaire du Pays-Basque. Elle a grandi dans une famille monoparentale avec une mère infirmière qui lui a transmis son goût pour les métiers de la santé et sa grande force de caractère, elle qui a mené tout de front, seule. Sophie était une bonne élève, douée en sciences, et s’est donc tout naturellement tournée vers la médecine. Elle débarque à 18 ans à Bordeaux pour ses études, fournit un travail colossal pendant la première année de médecine et choisit la médecine générale pour pouvoir rester dans la région et s’est rapidement spécialisée en gynécologie. Elle valide ces deux diplômes en même temps. Elle ajoute deux cordes supplémentaires à son arc en passant un DU de micro nutrition pour pouvoir faire de la prévention par l’assiette et le mode de vie puis un DU d’accompagnement des personnes transgenres en 2023.

Elle travaille dans son cabinet avec huit autres médecins depuis 2015. Elle ne fait quasiment plus de médecine générale (sauf urgences) car elle est très prise par ses trois spécialités. Elle est aussi maître de stage pour des internes, consulte avec eux et partage tout ce qu’elle reçoit des gens ce qui est, selon elle, très stimulant intellectuellement et humainement.

Focus sur son Accompagnement des Personnes Transgenres

En 2019, elle apprend qu’un poste de consultant en gynécologie pour les adolescents est vacant depuis trois ans au centre Abadie à Bordeaux (centre de pédopsychiatrie qui s’occupe des adolescents en souffrance psychique). Très motivée par ce nouveau challenge, elle postule et décroche la place. Elle se retrouve rapidement confrontée à un nombre croissant d’ adolescents puis jeunes adultes en transition de genre donc à des problématiques spécifiques qui sortent de son périmètre. Elle décide alors de passer un DU pour se sentir plus légitime et plus à même de les guider et les soutenir.
Aujourd’hui, sa prise en charge concerne des jeunes voire des très jeunes en questionnement. Se mettent alors en place une phase informative, d’exploration et des discussions. Sophie fait ce qu’on appelle un soutien trans affirmatif :  elle accompagne la personne et sa famille dans une trajectoire où cette personne va s’affirmer dans son genre tout en disant que rien n’est définitif.
Elle accompagne également la prise d’un traitement hormonal qui peut mettre du temps à se mettre en place. Elle est aussi là en soutien psychologique car il peut y avoir de gros coups de déprime le temps que le traitement se régule. Elle travaille en collaboration avec un professionnel de la santé mentale (psychologue ou psychiatre) avec qui elle échange les données médicales avec l’accord du patient.
Elle peut aussi orienter vers une chirurgie si la personne le souhaite mais ces cas sont plus rares. Il y a très peu de personnes opérées. Elle fait tout de même des consultations post-opératoires, si besoin.
Elle choisit un maillage de professionnels compétents et bienveillants pour que la personne trans soit bien accompagnée. Elle fait partie du Collège des médecins généralistes de Trans Santé France donc elle échange beaucoup avec des médecins partout en France ce qui est très motivant.

Sur le bureau du Docteur Gibert.

Ateliers et Consultations : Un Soutien Indispensable

Sophie assiste également à des ateliers parents/enfants qui sont organisés dans les locaux de l’association Girofard (21 rue du Loup, 33000 Bordeaux) toutes les six à huit semaines. Les mineurs trans sont entre eux et pendant ce temps-là, à part, les parents peuvent lui poser toutes les questions qu’ils veulent ainsi qu’à la personne de l’association qui l’accompagne. Les gens viennent de loin car il n’y a pas beaucoup de structures qui existent et cela apaise beaucoup certaines interrogations. Beaucoup sont encore dans l’errance.

Aujourd’hui, Sophie ainsi qu’une dizaine d’autres professionnels de santé dans la région sont un relai et un soutien indispensable dans la région. L’association Transgender à l’hôpital Charles Perrens est débordée. Il y a trois ans d’attente pour se faire prendre en charge et pour se faire opérer.

Il est possible de consulter le Docteur Sophie Gibert en prenant rendez-vous via Doctolib ou en appelant le numéro suivant : 05 56 00 46 00.
L’adresse du cabinet : 270 avenue de la République, 33 200 Bordeaux.  

Portrait chinois

Quel enfant étais-tu?
J’étais une enfant solitaire sans être introvertie. Je passais des heures dans ma chambre. J’étais beaucoup dans mon monde.

Quelle empreinte voudrais-tu laisser?
J’ai envie d’insuffler une offre de soin différente et de former des internes au niveau professionnel.
Au niveau personnel, je pense à mes enfants (et je pense particulièrement à ma fille) : qu’ils se sentent bien, qu’ils aient confiance en eux, qu’ils ne se ferment pas de portes, qu’ils ne se donnent pas de limites dans leurs projets tout en respectant la liberté des autres.

D'où vient ta force d’engagement?
Je ne fais pas les choses à moitié et j’aime bien bien faire quelque chose.
Je suis quelqu’un d’engagé à la base et qui va au bout des choses, c’est peut-être un trait de caractère.

Ce que les gens ne savent pas sur toi?
Justement, que j’aime bien la solitude. J’ai besoin de me retrouver seule régulièrement.

Si tu étais un animal?
J’aime bien nager donc je dirais un dauphin.

Ta devise?
Tout est une question de perception.

Endroits que tu préfères à Bordeaux?
Les petites rues de la vieille ville.
Etre sur le Pont Chaban Delmas et voir les deux rives, je trouve la vue magnifique.
Les rooftops pour avoir de la perspective. Par exemple : Gina Bordeaux (Place des Millésimes, 33000 Bordeaux).

L'objet qui ne te quitte jamais?
Des boules Quies car j’ai une hyperacousie.

Si tu devais mourir demain, tu ferais quoi?
Je verrais toutes les personnes que j’aime et passerais du temps avec elles.

Tes passions?
Les relations humaines, le sport (je cours, je nage, je fais du yoga et je fais du renforcement musculaire).

Les chansons et livres que tu aimes bien ?
- Billie Eilish, Sofiane Pamart, Ludovico Einaudi, Queen et la BO du film de Dirty Dancing, surtout quand je cuisine.

- Thérapie existentielle d’Irvin Yalom.
- Le Royaume d’Emmanuelle Carrère.
- Kilomètre Zéro de Maud Ankaoua.

Les projets dont tu es la plus fière aujourd'hui?
- D’avoir monté l’association des médecins, mon groupe de pairs.
- Ma vie personnelle.

Ta prochaine première fois?
Me séparer de ma fille pendant quatre mois en Septembre car elle part en Angleterre.